Nous, volontaires : espoirs et colères

Le mercredi 16 novembre, une rencontre entre 19 jeunes volontaires en service civique fut organisée par l’association AMESUD au Parc naturel régional des Monts d’Ardèche à Jaujac. Une expérience nous a alors été proposée : se mettre dans la peau d’un journaliste le temps de quelques échanges. L’exercice avait pour vocation d’apprendre à nous connaître et de partager nos expériences au sein des structures d’accueils, mais aussi permettre de nous exprimer au travers de la problématique « quels sont les rêves et les colères aujourd’hui dans notre société ». Pour ma part, j’ai interrogé Vincent, Lisa et Manu, et je vais dans cet essai vous faire part de leur témoignage.

  • La mission de Vincent s’est passée au sein même du Parc où il participa à la mise en place d’une exposition retraçant le début de la vie sur terre jusqu’à nos jours. Il m’indiqua que son objectif était avant tout de transmettre, d’enseigner sur le territoire environnant auprès d’un public composé de jeunes, d’enfants et de personnes en situation de handicap.

  • Lisa quant à elle voue son énergie à l’association FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature). C’est en suivant un protocole scientifique que Lisa et ses partenaires repèrent des lieux pouvant être qualifiés de « vieilles forêt », héritage précieux de notre planète qu’elle souhaite protéger et avertir sur la fragilité de la biodiversité locale.


  • Ma dernière entrevue fut avec Manu qui apporte sa contribution à une action solidaire dans l’association Recycl’Arts dont le but est de donner une seconde vie aux objets du quotidien, visant une clientèle aux revenus modestes.

 

Ces jeunes citoyens m’ont parlé avec passion des actions qu’ils entreprennent, mais ils m’ont aussi confié certaines difficultés qu’ils avaient rencontrées, comme la formation et l’appropriation de la mission confiée tel que la pédagogie, la recherche de subventions essentielles à la suite du projet, les aspects financiés et politiques qui entrent en jeux, ou bien des locaux non adaptés à l’ampleur de leurs ambitions.

Quand nous avons abordé le thème de la colère, j’ai constaté tout un panel de frustrations représentatif de ce qu’une part des jeunes de notre génération éprouve, et cela n’était pas souvent en lien avec le service civique. En effet, même si Vincent reproche le manque de communication qui fait stagner son travail, le problème est généralement sociétal. Sur ce point Lisa et Manu s’accordent, tous deux ont employé le terme « désillusion », sentiment provoqué par le manque de libre arbitre, une fermeture d’esprit auquel ils font face quotidiennement, l’envie de faire prendre conscience à notre entourage des réels problèmes que nous devons tous affronter mais cela est vain dans un monde individualiste.

Cependant, malgré cette colère profondément ancrée surgit de l’espoir. Pour Vincent, cela est notamment dû aux nouvelles générations qui écoutent. Ces jeunes cerveaux ont soif d’apprendre et semblent impliqués dans la préservation du patrimoine biologique et culturel à leur échelle. Lisa perçoit de la volonté et de la persévérance tout autour d’elle, tel que le bénévolat, l’engagement dans des causes qui méritent d’être défendues, et un mouvement collectif qu’elle qualifie « d’union ». Manu apprécie les moments d’échanges avec ses clients, les valeurs humaines qui lui sont chères tel que l’entraide, l’écoute et l’égalité.

Durant leurs heures de travail, de repos ou pendant leur activité, Vincent, Lisa et Manu rêvent. Ils rêvent tous les trois des mêmes choses. Ils rêvent que leur voix soit entendue, que le message soit compris. Ils souhaitent améliorer le monde et construire l’avenir pour eux, pour nous, pour vous. Ils veulent transmettre des connaissances, voyager et découvrir que ce nous appelons « l’étranger » pour créer une union, que nous soyons solidaires et que nous apprenions les uns des autres.

Mais au fond, que veulent vraiment Vincent, Lisa et Manu ?

La réponse est simple, ils aspirent à ce qui semble être une utopie.

Jade